Le harcèlement des migrants à Grenoble (suite)

L’abjection

Ça se passe en France, plus précisément à Grenoble et à Saint-Martin d’Hères. La police nationale a harcelé plusieurs jours durant des familles fraîchement arrivées de Serbie et de Macédoine, dans le plus grand dénuement. Elle les a poursuivies partout, presque mètre par mètre, les empêchant de se poser quelque part. Il y avait des enfants, des femmes enceintes. Devant les protestations des militants, la réponse était invariablement : « Ce n’est pas notre problème, on a des ordres ».

A Grenoble, sur ordre de la mairie, la police les a expulsés brutalement de l’endroit où les familles s’étaient réfugiées. Ces familles, accompagnées de miltant.e.s, ont alors rencontré plusieurs responsables de l’équipe municipale – Madame Barnola et Monsieur Ben Habou du cabinet du maire, et Monsieur Angotti, directeur du CCAS – pour demander que cessent le harcèlement et les violences policières, afin que les familles puissent organiser leur survie, ce qui passe au minimum par un hébergement. Refus catégorique.

Ce n’est qu’au campus universitaire, après l’intervention du réseau RUSF, que leur course a pris fin et que des personnes bienveillantes leur ont donné des tentes et un peu de réconfort.

Quant aux collectivités locales et leurs services sociaux, elles n’ont pas bougé. Le Conseil départemental en particulier, pourtant chargé de la protection de l’enfance en danger, a une fois de plus brillé par son absence. Son «service dédié» s’est contenté de prendre un rendez-vous une semaine plus tard, car «les responsables étaient en vacances».

Plus fort encore, le CCAS de Saint-Martin d’Hères a envoyé un message aux collectifs militants pour qu’ils assurent une prise en charge.

Lire la suite

Mobilisation contre l’expulsion du 113 cours de la Libération à Grenoble

Depuis plusieurs mois, des familles occupent une maison située au 113 cours de la Libération à Grenoble. Aujourd’hui, environ 80 personnes y vivent, dont une cinquantaine d’enfants. La maison appartient à l’Église de Jésus-Christ des Saints des derniers jours, plus connue sous le nom de Mormons. Ceux-ci projettent de la détruire afin de construire un lieu de culte. Mais le projet n’est pas pour tout de suite, et il n’y a 113donc pas d’urgence à expulser ces familles.

Du reste, jusqu’à présent, celles-ci, épaulées par des militant-e-s, avaient réussi à s’entendre avec le propriétaire qui s’était engagé à ne pas les faire expulser avant la fin de la trêve hivernale. Mais fin janvier, revirement : les occupant-e-s ont appris que l’expulsion aurait lieu le jeudi 4 février…

Ils ont alors lancé un appel à soutien et alerté les médias. Le 4, dès 6h du matin, de nombreuses personnes ont répondu à l’appel : des collectifs militants tels que le DAL (droit au logement), le collectif Hébergement Logement et la Patate Chaude, des associations comme Roms Action, le Centre d’information inter-peuples (CIIP), l’École Ici et Maintenant (EIM!) et l’École de la paix, des étudiant-e-s, des voisin-e-s, des institutrices, des parents d’élèves se sont retrouvés pour soutenir les familles face à la violence de cette expulsion en pleine trêve hivernale.

Des médias étaient présents aussi, et FR3 Alpes (journal du 4/02), Particité et Place Gre’net ont notamment fait des reportages. Vers 10h, un journaliste a contacté les militant-e-s sur place pour annoncer que la préfecture « déprogrammait » l’expulsion.

Les habitant-e-s savent ce qu’ils veulent, et souhaitent dire haut et fort ce qu’ils subissent, depuis des mois, des années. Ils dénoncent la stigmatisation envers les Roms, les portes fermées, la violence, la maltraitance, les discriminations, les politiques publiques (qu’elles soient municipales, départementales ou nationales) qui les empêchent de stabiliser leurs situations, leurs hébergements, la scolarisation des enfants, toutes ces choses qui leur permettraient de trouver du travail et de se construire une vie « comme tout le monde ».

L’expulsion peut être « reprogrammée » à tout moment. En effet, la préfecture semble déterminée à voir ces familles expulsées. D’après les propriétaires, elle aurait insisté pour que cette expulsion se fasse au plus vite…

Patate chaude

Suraccident dans un bidonville : suite à un incendie, l’État met les victimes à la rue

Le mardi 29 décembre, un incendie s’est déclaré dans le bidonville situé entre la Bifurk et la MC2 (rue Flaubert), à Grenoble. En urgence, l’État (la préfecture) par le biais de la direction départementale de la cohésion sociale (DDCS) et le centre communal d’action sociale (CCAS) de Grenoble ont ouvert le gymnase Daudet pour les mettre à l’abri. Deux jours plus tard, celui-ci était fermé, et les familles étaient hébergées dans des hôtels. Certaines ne voulaient pas y aller, car elles savaient que ce ne serait que pour quelques nuits. Elles auraient préféré pouvoir retourner sur le bidonville, où les 2/3 des baraques qu’elles avaient construites n’avaient pas brulé. Mais bien que la procédure d’expulsion engagée par le propriétaire, la SLPA Sages (société publique en charge de l’aménagement du territoire grenoblois), n’ait pas abouti, l’accès en a été interdit, et un vigile a été placé à l’entrée pour le surveiller.

Lors du déplacement des familles à l’hôtel, le CCAS s’engageait à les reloger au moins 15 jours. L’État, par contre, ne s’était engagé que pour 4 jours. Ainsi, le 4 janvier, 11 personnes environ ont été sorties sans proposition de relogement de l’hôtel Bel Alpes de Seyssinet-Pariset en violation de la loi sur la continuité de l’hébergement d’urgence. En pleine trêve hivernale, M. Vigezzi, secrétaire général de l’association La Relève, chargée de la gestion de ces places en hôtel financées par la DDCS, a donc sommé les familles de s’en aller. Aucune autre solution ne leur a été proposée.

Ainsi le préfet, qui a pourtant une obligation légale de proposer un hébergement aux personnes à la rue, non content de ne mettre à l’abri que le quart des familles (laissant au CCAS de Grenoble la charge des autres), délègue à une association, puis à des hôteliers, la responsabilité de les remettre à la rue en plein hiver. Lire la suite

La demande du préfet rejetée !

Le préfet de l’Isère avait demandé au tribunal administratif d’ordonner l’expulsion immédiate des occupant-e-s de l’ancien centre d’hébergement situé à Grenoble, au 11 Avenue Paul Verlaine.
 Centre de la rue Verlaine
Le juge a estimé que :
– l’occupation des locaux n’empêche pas l’accomplissement de missions de service public ni la réalisation d’un quelconque projet public,
– il n’était pas prouvé que les locaux étaient plus insalubres à présent que lorsqu’il s’agissait d’un centre d’hébergement géré par l’Arépi à la demande de la préfecture,
– l’occupation du bâtiment ne provoque pas un trouble à l’ordre public auquel le préfet ne pourrait faire face,
– si l’occupation entraîne des nuisances pour le voisinage, ceci n’est pas dû à son caractère illégal, mais c’était déjà le cas lorsqu’il s’agissait d’un centre d’hébergement mis en place par la préfecture,
– la situation irrégulière sur le territoire des habitant-e-s évoquée par la préfecture n’a pas d’influence sur l’appréciation de leur occupation d’un bien public.
En conséquence de quoi il a rejeté la demande de la préfecture.
 –
Voir le jugement complet sur le site du tribunal administratif.
 –
Le site d’information grenoblois Place Gre’net a publié un article sur le sujet avec des interviews vidéo ainsi que notre réaction, que voici :
Nous nous félicitons de cette décision du tribunal administratif, même si l’occupation de ce bâtiment n’est pas une fin en soi pour les personnes qui l’habitent. Nous attendons à présent que l’État, le Conseil général, la Métro et les communes mettent en place des structures d’hébergement conséquentes qui évitent que ce type de situation ne se reproduise sans cesse, et que la préfecture permette aux personnes concernées d’accéder, comme elles le souhaitent, au droit commun et à un logement digne de ce nom.

La lutte contre la fermeture de Verlaine et les remises à la rue continue !

14 07  05 Marche Verlaine-blogJeudi 10 juillet

Les événements de la matinée donnent à voir à le cynisme de la préfecture de l’Isère et de la direction de l’AREPI, qui savent renouveler leurs stratégies pour arriver à leurs fins.
L’AREPI a essayé (en vain) de faire déménager les équipements du lieu par une équipe de personnes qu’elle « accompagne » et qui sont en correctionnelle, donc ne peuvent guère s’opposer au travail qu’on leur demande.
La préfecture a envoyé 3 de ses sbires, dont Mme Malerba du Service Immigration et Intégration et 2 traducteurs, pour faire comprendre aux hébergé-e-s que la seule solution qu’il leur restait était le retour « volontaire » au pays. Cela consiste à acheter – à hauteur de 50 euros par adulte et de 30 euros par enfant – leur disparition momentanée du pays pendant deux ans (l’aide financière étant assujettie à l’interdiction de retour sur le territoire pendant 2 ans). L’acceptation de cette proposition étant LA condition à laquelle ils pourraient « bénéficier » d’un hébergement en hôtel jusqu’à leur vol..
Nous avons quand même eu la joie mesquine, alors que nous bloquions les entrées, de voir l’une de ces envoyée de la préfecture, attifée comme pour un mariage, se hisser péniblement à l’intérieur du bâtiment en rentrant par la fenêtre.
La préfecture a de l’humour : pour coller à l’ambiance « vacances », elle a même sollicité trois minibus de tourisme pour emmener les personnes vers les hôtels situés dans des lieux de plaisance bizarrement situés non loin de l’aéroport de St Geoirs (hasard ou vice ?).
Nous vous passons les détails sur les agents du gaz et de l’électricité venus couper les fluides, repartis bredouilles, et sur les discours creux des sieurs CALUORI, BAYOT et BALESTAS (respectivement directeurs et président de l’AREPI-L’Etape).

La préfecture donne des indications contradictoires, indiquant tantôt que l’AREPI s’apprête à quitter les lieux et qu’un constat d’huissier doit être fait pour constater leur occupation par les hébergé-e-s, puis demandant à l’AREPI de prolonger leur convention et de se maintenir sur place.
Pendant ce temps-là, la mairie ne donne guère de signe d’intérêt et de considération pour les hébergé-e-s et pour la mobilisation.
La Métro peine à avancer sur un projet de plate-forme d’hébergement.
Le Conseil Général est brillant de mutisme sur la question de ces familles avec enfants, parfois en bas âge, menacées depuis des jours d’une (sur)vie dans la rue.

Mais les soutiens sont là, parmi les associations d’entraide et d’Alerte Isère, qui se battent pour interpeller les pouvoirs publics et pour soutenir les hébergé-e-s,
parmi les personnes qui reviennent chaque jour avec du café, des gâteaux,
parmi les personnes qui osent venir « pour la première fois ».
Les hébergé-e-s sont fatigué-e-s mais pas dupes. Certains « craquent » et acceptent d’aller en hôtel, en sachant que ce n’est que pour quelques jours.
Notre soutien est important. La lutte s’ancre dans nos quotidiens. Nous ne lâcherons pas !

Pas une personne sans logement décent ! Pas un logement sans personne dedans !

Le collectif Hébergement-Logement, avec le soutien du collectif Alerte Isère, du CCRPA (Conseil consultatif régional des personnes accueillies) et de la CIP38 (Coordination Intermittent.e.s et Précaires en lutte).


Mercredi 9 juillet

Rassemblement Verlaine 4-7-2014

Les hébergé-e-s ont été convoqué-e-s hier par le directeur de l’Arépi, M. Caluori, pour transmettre les ordres de la préfecture. Celle-ci continue de dire qu’il n’y a aucune solution d’hébergement, mais qu’il reste une solution : l’aide au retour volontaire (!). L’annonce a été faite que le foyer serait fermé cette semaine, et l’eau et l’électricité coupés.
La préfecture laisse ainsi planer la peur d’une expulsion imminente depuis maintenant 4 jours.

Le collectif Alerte Isère a fortement interpellé le préfet, le préfet de Région, la Métro et la Ville.
Il a placé en priorité, avant toute autre démarche, la résolution du problème des personnes de Verlaine.

La préfecture se fout des personnes, du social, des lois qui protègent les gens, et affiche un cynisme décomplexé.
La Métro travaille à la mise en place urgente d’une plate-forme hébergement – mais pour quand ??
La Ville ne veut pas intervenir en tant que telle.
Le Conseil Général n’a pas bougé le petit doigt…
Une fois encore, des enjeux politiques (ici, un bras de fer entre l’Etat et les collectivités territoriales) foulent au pieds les plus démunis.
La lutte s’amplifie. Nous (hébergé-e-s, militant-e-s, associations de plus en plus en colère) ne lâcherons pas.

Pas une personne sans logement décent ! Pas un logement sans personne dedans !

Le collectif Hébergement-Logement, avec le soutien du collectif Alerte Isère, du CCRPA (Conseil consultatif régional des personnes accueillies) et de la CIP38 (Coordination Intermittent.e.s et Précaires en lutte).


Dimanche 6 juillet

Voici maintenant deux jours que la mobilisation contre la fermeture du centre Verlaine et l’expulsion des hébergé-e-s continue, avec le collectif Hébergement-Logement et le soutien de nombreuses associations, dont le réseau Alerte Isère, mais aussi des syndicats et des individu-e-s. L’ensemble du mouvement a fortement interpellé la préfecture, notamment lors de la marche vendredi matin, mais aussi la Métro, la mairie de Grenoble, et l’association AREPI qui gère le centre. Il reste sur le site environ 85 personnes parmi les 120 hébergées au départ. Des familles se sont vu proposer d’aller en hôtel pour une durée soi-disant indéterminée alors que la préfecture a annoncé qu’elle ne paierait pas plus de 3 nuits d’hôtel. Le directeur de l’AREPI, M. Caluori, dit en permanence aux personnes qu’elles vont être expulsées sous peu ; ce harcèlement pèse sur les hébergé-e-s depuis 3 jours.

La lutte continue…

Devant les expulsions, Résistons !

Dimanche 6 juillet, restez disponibles !!

Lundi 7 juillet Petit déjeuner solidaire Dés 6h du matin 11 avenue Paul Verlaine, Grenoble

Pas une personne sans un toit décent, pas un logement sans personne dedans !

Le collectif Hébergement-Logement, avec le soutien du collectif Alerte Isère et du CCRPA (Conseil consultatif régional des personnes accueillies)

Marche de la colère et de la dignité

25 avril 2014

La marche était appelée par la Coordination iséroise de solidarité avec les étrangers migrants1 (CISEM), en Banderole logements décents et adaptés préfectureécho à une autre marche organisée en 2001. Elle a été organisée par les individus et organisations en lutte, depuis la fin mars, contre les remises à la rue des personnes hébergées dans le cadre du dispositif d’hébergement d’urgence hivernal, et pour un toit pour toutes et tous. Ce mouvement réunit des personnes hébergées ou remises à la rue, des personnes solidaires, les organisations de la CISEM ainsi que d’autres, comme RESF (2) ou la CNL (3).

Environ 150 personnes se sont réunies sur la place de Verdun, devant la préfecture de l’Isère, pour rappeler que l’État est le premier responsable des remises à la Banderole pas une personne sans toit décentrue, et plus généralement des politiques de discrimination et de répression des étrangers qui font le jeu de la xénophobie grandissante en France. Épinglée sur son non respect de la loi sur l’hébergement (alors qu’elle est censée être le garant du respect de la loi en Isère), la préfecture renvoie généralement la patate chaude aux communes, auxquelles elle reproche de ne pas faire leur part.

De nombreuses banderoles et panneaux ont été tendus et brandis, qui clamaient « Pas une personne sans toit décent, ni un toit sans personne dedans », « Des logements décents et adaptés pour tou.te.s » ou encore « Contre toutes les expulsions, solidarité ! ». Le tract suivant, de notre cru, a été distribué durant toute la manifestation :

tract marche 25 avril

La manifestation s’est ensuite mise en branle en direction du Conseil général, responsable de missions Banderole logements décents et adaptés rue du CGsociales, notamment celle de la protection de l’enfance. Depuis un peu plus d’un an, il essaie de se débarrasser des chambres d’hôtel qu’il assurait jusqu’ici aux familles avec enfants à la rue, essayant de refiler la patate chaude à l’État, arguant que l’hébergement relève de sa compétence. Au Conseil général, une prise de parole a eu lieu, quelques slogans ont été scandés, et des tracts distribués aux personnes se trouvant là.

Après quoi le cortège, qui grossissait au fur et à mesure de l’arrivée de nouvelles personnes, s’est dirigé vers la mairie de Grenoble. Si la nouvelle municipalité grenobloise soutient le mouvement de lutte contre les Banderole contre les expulsions solidarité mairieexpulsions, elle n’a pas proposé de solution concrète aux personnes remises à la rue, refilant, comme l’ensemble des communes de l’agglomération, la patate chaude à l’État. Les nouveaux élu-e-s de Grenoble ont en effet évoqué avec le préfet la possibilité de mettre un bâtiment communal à disposition pour l’hébergement, mais refusent de le faire si la préfecture n’assure pas l’accompagnement social des personnes – ce que cette dernière se refuse à faire. Des slogans tels que « non aux expulsions » ont résonné dans le hall de l’hôtel de ville.

Salle du conseil de la MétroPuis les manifestant-e-s se sont remis-es en marche vers la Métro (la communauté de communes), où les maires de toute l’agglomération se réunissaient pour élire le nouveau président. Dès l’entrée dans les locaux, des responsables à cravate sont venus expliquer aux manifestant-e-s qu’hélas, ils tombaient mal, puisqu’aujourd’hui c’était l’élection du président de la Métro, et qu’il faudrait revenir une autre fois. Mais les manifestant-e-s voulaient parler à tous les maires de l’agglomération, et ne démordirent pas de l’envie de saisir cette occasion unique. Après quelques discussions sans issue, ils sont donc entrés en force.

Devant le fait accompli, une délégation a ainsi obtenu le droit de s’exprimer devant l’assemblée des maires etPrise de parole de Jo à la Métro des élus. Plusieurs personnes militantes, hébergées et sans-abri sont intervenues pour dire leur refus des remises à la rue et du jeu de patate chaude que se livrent les responsables politiques. Le tract (ci-dessus) a été lu sous les applaudissements des manifestant-e-s et d’une partie des élus communautaires. Des slogans, et notamment la revendication « hiver comme été, un toit est un droit » ont tonné dans la salle du conseil de la Métro.

La direction générale des services de la Métro s’est finalement engagée, par écrit, à ce que les futurs élu-e-s rencontrent les services de la préfecture compétents en matière d’hébergement et de logement, puis, à l’issue de cette rencontre, à ce qu’une délégation soit reçue par le futur président le mercredi 30 avril 2014 à 10h00 (voir ci-dessous).

Engagement Métro

La manifestation est ensuite retournée sur la place de Verdun aux cris de « Pas une personne sans toit décent, pas de logement sans personne dedans », pour se disperser.

Banderole contre les expulsions solidarité Jean Pain

Le collectif La Patate Chaude, le 27 avril 2014

1 AC ! Agir contre le chômage, Association de parrainage républicain des demandeurs d’asile et de protection (APARDAP), Centre d’information inter-peuples (CIIP), Comité de soutien aux réfugiés algériens (CSRA), collectif La Patate Chaude, Ligue des droits de l’Homme (LDH), Réseau université sans frontière (RUSF), Pour une alternative syndicale (PAS), Solidaires, Syndicat multiprofessionnel des travailleurs sans papiers CGT, Europe écologie les Verts (EELV), Les Alternatifs, Fédération de l’Isère du Parti communiste français (PCF), Nouveau parti anticapitaliste (NPA), Parti communiste des ouvriers de France (PCOF), Parti de Gauche (PG), Ras l’Front

2 Réseau éducation sans frontières.

3 Confédération nationale du logement.

Fin du dispositif d’hébergement hivernal

Comme chaque année, le dispositif d’hébergement hivernal pour personnes sans abri va fermer fin mars. En Isère, de l’aveu même du préfet qui en est responsable, environ 360 places devraient ainsi être supprimées fin mars. Depuis quelque temps déjà, les associations en charge de l’hébergement hivernal font pression sur les personnes qu’elles accueillent pour qu’elles quittent leurs hébergements, alors que la majorité ne se voit offrir aucune solution et n’a donc pas où aller. Des personnes ont déjà été remises à la rue à coups de chantage, de menaces et d’autres procédés peu reluisants. Les premières victimes en sont les migrant-e-s et les personnes sans papiers, en raison de leur situation précaire et du fait qu’elles n’ont souvent pas accès à de nombreux droits, dont le travail et le logement social.

Manifestation 5juillet 2013

Jeudi 27 mars, la CISEM (coordination iséroise de solidarité avec les étrangers migrants), en lien avec des personnes hébergées, a organisé un rassemblement devant la préfecture. Étaient présents, entre autres, des membres de : RESF, LDH, CIIP, NPA, Alternatifs, CSRA, Apardap, Patate chaude, mais aussi la CNL (confédération nationale du logement), le PCF et le collectif Défends-toit. Le lien a été fait entre les expulsions des centres d’hébergement et les expulsions locatives qui redémarrent la semaine prochaine.

Une délégation composée de 2 personnes hébergées dans des centres, une personne sans domicile, un représentant de la CNL et deux de la CISEM a été reçue en préfecture. Le préfet a déclaré qu’il était tenu à un devoir de réserve en période électorale, et ne pouvait donc de recevoir de délégation. C’est donc la directrice de son cabinet qui l’a reçue. Elle se contentera de répercuter les demandes au préfet.

Rassemblement prefecture 27-03-2014

Rassemblement devant la préfecture le 27 mars

En attendant, la fermeture complète de deux centres gérés par l’AREPI pour le compte de la préfecture est annoncée pour les prochains jours, jetant à la rue environ 110 personnes, dont beaucoup d’enfants scolarisés.

Non seulement c’est inhumain, mais c’est aussi illégal à plus d’un titre (voir ci-dessous), ne serait-ce qu’au regard du Code de l’action sociale et des familles. Et ni les circulaires dont se fend régulièrement le ministre de l’intérieur pour prendre les lois à contre-pied, ni la fin de la période hivernale, ne peuvent contourner les dispositions légales. Pourtant, c’est ce que l’État se prépare à faire, avançant le manque de crédits qu’il a lui-même décidé.

Un nouveau rassemblement est appelé par la CISEM lundi 31 mars à 17 heures place de Verdun pour interpeller le préfet sur cette situation et lui exprimer notre refus des remises à la rue.

 

Patate chaude en colère


Deux textes écrits par la Patate Chaude pour :
– rappeler aux directions et personnels des centres les lois relatives à l’hébergement,
– expliquer leurs droits aux personnes hébergées (traduit en roumain, serbe et arabe).

Courrier aux directions et salariés mars 2014

Courrier aux hébergés mars 2014

Courrier aux hébergés mars 2014 en roumain

Courrier aux hébergés mars 2014 en serbe (latin)

Courrier aux hébergés mars 2014 en arabe – page 1

Courrier aux hébergés mars 2014 en arabe – page 2

Courrier aux hébergés mars 2014 en anglais

Action lors de la cérémonie d’accueil des nouveaux arrivants à la mairie de Grenoble

Samedi 25 janvier, une vingtaine de militants individuels et issus d’associations diverses sont venus à l’hôtel de ville de Grenoble à l’appel du collectif La Patate Chaude pour contrer la vision de l’accueil de la Mairie et l’invitation très partielle des nouveaux arrivants sur l’agglomération lors de la cérémonie annuelle de l’accueil de la ville.

nouveaux_arrivants_deux-300x199Nous sommes venus à la Mairie de Grenoble avec une banderole et des tracts pour dénoncer le traitement réservé aux sans-abris, demandeurs d’asile et sans papiers exclus de fait de cette cérémonie car n’ayant pas de boite postale correspondant à leur domicile et donc ne pouvant figurer sur la liste des invités.

Les grands absents de cet accueil chaleureux de la part de notre maire : les hommes, femmes et enfants, français ou étrangers confondus, qui sont souvent obligés de vivre dans la rue même en plein hiver, faute de place d’urgence ni de solution à long terme dans cette agglo de la république des droits de l’homme où l’on compte 10 000 logements vides et plus de 600 personnes qui restent dans la rue faute de places pour les héberger.

A l’heure de ce grand bazar de gôche, rappelons aussi la situation des Roms renvoyés manu militari dans des pays où ils vont subir encore de l’exclusion, des discriminations et parfois même des menaces et les violences de mouvements néonazis (comme en Hongrie), après avoir subi en France la violence ’soft’ du PS lors d’un énième démantèlement d’un camp par les autorités de la ville.

Parmi les autres exclus de toute aide sociale et privés du droit de travailler, bien souvent pendant des années, on compte aussi des demandeurs d’asile venant notamment de pays en guerre comme le Soudan, la Somalie ou l’Érythrée.

Bref, nous avons distribué le tract ci-joint en rappelant aux quelques 500 personnes bienvenues sur l’agglo et présentes à la cérémonie que cet accueil n’est pas aussi chaleureux pour tous… et en insistant sur le contraste offert à travers la politique de division et d’exclusion de la Ville, à l’image du jeu de presque tous les politiques en quête des voix de l’extrême droite, relayé par les médias qui font de tout ça leur fonds de commerce – faut bien avoir un bon bouc émissaire dans ces temps de crise.

tract-bienvenue

Soirée anniversaire de Roms Action vendredi 18 octobre

10 ans Roms actionLa salle, d’environ 200 places, affichait complet avant 19h. Une trentaine de Roms présents.

La tribune

  • Bernadette Guérin, présidente de Roms action
  • Anita Nagy, sociologue, assistante sociale de Roms action (les 4 autres salariées sont dans la salle)
  • Alain Régnier, préfet missionné par le premier ministre pour la Délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement des personnes sans abri ou mal logées (DIHAL)
  • Thomas Ott, anthropologue, qui a suivi en particulier le projet de centre social en Roumanie, à l’initiative du Grand Lyon
  • Olivier Noblecourt, vice-président du CCAS de Grenoble
  • José Arias, vice-président du Conseil général, s’était excusé.

Projection d’un film de 15 minutes, Des Roms dans la ville, tourné par l’association Images solidaires. Des membres de la Patate Chaude avaient organisé une projection de ce film à Moulissimo en juin. Il a été tourné à Grenoble avec des lycéens d’origine rom, qui parlent de la Roumanie, de leur accueil en France, et interviewent des passants sur l’image qu’ils ont des Roms.

Interventions à la tribune, questions/réponses (3 questions sur 6 ou 7 par des patates)

–  B. Guérin rappelle l’histoire de R.A. et fait un bref exposé sur la situation des Roms, assez critique vis-à-vis du gouvernement.

–  A. Régnier précise le contenu de sa mission : pas seulement l’évaluation de la situation de l’hébergement (en particulier l’application ou la non-application de la circulaire interministérielle du 26 août 2012 sur l’accompagnement social lors de l’évacuation des bidonvilles), mais aussi chargé d’élaborer des propositions. Il est correspondant de la France pour l’Union européenne concernant ces questions.
Selon lui, 8 millions de personnes sont sous le seuil de pauvreté en France, dont 250 000 à la rue parmi lesquels 17 000 Roms. L’État aurait débloqué 100 millions d’euros pour l’hébergement, dont 4 millions pour l’Isère, mais 1,2 milliards d’euros seraient nécessaires pour faire face aux besoins actuels d’hébergement, et en finir avec la logique du dispositif hivernal.
Il informe que la loi prévoit des obligations pour les maires qui ont des camps sur leur commune : non seulement l’accès des enfants à la scolarisation, mais aussi l’eau, l’électricité et le ramassage des ordures ménagères.
Sur l’éventuelle prolongation, au-delà du 1er janvier, des mesures transitoires discriminant les Roumains et les Bulgares dans leur accès au travail en Europe (dérogations prévues par la directive 2004.38), A. Régnier affirme que cela n’est pas envisageable, mais qu’il restera les questions d’accompagnement vers l’emploi.
Concernant la non-utilisation des crédits européens destinés à l’insertion économique des Roms, et donc l’absence de politique, des mesures de rétorsion menaceraient notamment la Roumanie qui n’utilise que 6% de ses crédits, et n’a pratiquement aucun projet. En France aussi, des projets sont finançables via le Fonds social européen et le Fonds de développement régional. Les Régions seront désormais chargées de coordonner une partie des crédits européens destinés à la « cohésion sociale ».
Au cours de son intervention, et suite à une interpellation de membres de la Patate Chaude, A. Régnier a implicitement pris ses distances avec le discours et les pratiques de Valls (par exemple l’utilisation généralisée des OQTF ciblées sur certaines populations) mais, dit-il, « dans les limites de l’expression d’un fonctionnaire ».
Il s’est étonné que la question des 17 000 Roms sur un territoire de 60 millions d’habitants, reste à la une des médias et de la classe politique depuis des semaines. Il s’inquiète de voir cette question devenir le premier enjeu des prochaines élections.

–  O. Noblecourt a fait une rapide intervention. Il estime que le CCAS de Grenoble fait ce qu’il peut, mais  il est conscient des énormes « insuffisances » sur le terrain concernant l’hébergement et le suivi social. En la matière, l’Etat brille par sa carence, malgré une maîtrise d’œuvre urbaine et sociale (170 000 euros) et le co-financement d’un « dispositif d’insertion ». Ce dernier concerne l’hébergement de 9 familles en habitat diffus, bientôt 20, et leur accompagnement social. Ce dispositif reste expérimental et s’adresse prioritairement aux familles jugées les plus intégrables, toutes les autres restant à l’écart (remarque de Patate chaude). L’idée de « villages d’insertion » gardiennés – mise en œuvre dans plusieurs villes françaises – a  finalement été abandonnée

–  T. Ott et A. Nagy ont démonté, chacun.e à sa façon, les clichés concernant les Roms : sales, pas intégrables, délinquants, tous nomades,…
A. Nagy a présenté un power point sur le paradoxe des 17 000 Roms à la fois hyper visibles, et en fait invisibles dans leur situation réelle.

Beaucoup de monde donc, avec à la fois des personnes concernées, des travailleurs sociaux, mais aussi des personnes ne connaissant pas forcément bien le sujet. Pas de véritable temps de débat, avec seulement six questions posées, et l’impression globale d’une tribune très consensuelle sur un thème pourtant très polémique avec un contexte souvent tragique.

État des lieux de l’hébergement d’urgence post-hivernal

Patate chaudeAgglomération grenobloise, fin juillet 2013

Cet état des lieux n’est que partiel. Nous ne pouvons que rapporter les informations dont nous avons connaissance. Certaines peuvent contenir des imprécisions.

La Relève

Centre de la rue Jules Vallès

Rappelons que dans ce centre, le 5 juillet – jour de la marche des hébergés, justement – les services de la préfecture et la police avaient fait une descente pour distribuer des OQTF (obligation de quitter le territoire français). A cette occasion, ils se sont installés dans un bureau du centre d’hébergement. Les personnes hébergées qui n’en ont pas reçue ce jour-là en reçoivent par la poste. La moitié des hébergé-e-s environ a quitté le centre.

Il semblerait que les pressions de la préfecture marchent bien : des familles vont dormir ailleurs la nuit, par peur de l’arrivée des flics au petit matin. L’association continue de convoquer régulièrement des familles en groupes pour leur répéter qu’ils doivent rendre les clefs sur ordre du préfet. Parfois, la moitié des familles convoquées ne viennent pas.

Par ailleurs, la Relève s’apprêterait également à arrêter de distribuer des colis alimentaires aux étrangers.

Adate

Centre de l’Allée d’Ouessant à Échirolles

L’association a demandé aux personnes relevant du « droit commun » (c’est-à-dire non demandeurs d’asile) de quitter leurs appartements au 15 août. Plusieurs familles et personnes seules seraient concernées.

L’association dit aux demandeurs d’asile qu’ils doivent quitter la structure dès le rejet de leur demande par l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA), ou au plus tard un mois après. De nombreuses personnes ayant une OQTF déjà exécutable (c’est-à-dire ayant reçu leur OQTF plus d’un mois avant) ont reçu un courrier leur demandant de partir au plus tard le 16 juillet et sont restées malgré tout.

Afin de faire partir les gens des structures, les pressions sont multiples : une majorité des 240 personnes hébergées auraient reçu une obligation de quitter le territoire français (OQTF). Elles ont fait des recours, mais certains ont été rejetés. Quelques-unes ont déjà quitté le centre de peur que la police ne vienne les y chercher, les autres vivent la peur au ventre. D’autre part, l’association indique aux gens que passé le délai du 15 août, ils n’auront plus d’aide alimentaire, plus de meubles, et plus de suivi social.

Arépi

Centre de la rue Verlaine

La police est venue mercredi 17 juillet interpeller une famille de 2 parents et de 5 jeunes enfants pour les assigner en résidence en hôtel dans l’attente de la réponse de la Cour nationale du droit d’asile (CNDA).

Effet prévisible et probablement recherché : plus d’une vingtaine de personnes, y compris des familles, ont quitté le centre, dont une gravement malade. Il resterait moins d’une cinquantaine de personnes dans le centre.

Le directeur met la pression sur les familles qui ne partent pas. Alors que la maison de l’enfance Bachelard avait accepté d’accueillir les enfants du centre cet été, début juillet, il a tout annulé…

Les tentatives d’amélioration des conditions de vie dans le centre qui ont eu lieu en mai suite à leur dénonciation ont évidemment été abandonnées, et ces conditions se dégradent donc de plus en plus.

Isle d’Abeau

Suite aux pressions exercées courant juin envers les personnes hébergées à l’Isle d’Abeau, et suite à la distribution sur place d’OQTF, le centre qui accueillait une soixantaine de personnes ne comptait plus qu’une dizaine d’hébergé-e-s.

De nouvelles personnes y ont été orientées, notamment des personnes malades. Il y aurait désormais près d’une trentaine de personnes dans le centre.

Par ailleurs, certaines personnes auraient refusé de s’y rendre, cette orientation ne tenant pas compte de leur situation personnelle (notamment la nécessité de soins médicaux sur Grenoble pour certaines). Enfin, malgré la présence de soutiens sur place, certaines personnes craignent que l’hébergement à l’Isle d’Abeau ne les rende plus vulnérables vis-à-vis de la police.

Conseil général

Chambres d’hôtel

Des pressions ont lieu là aussi pour que les personnes hébergées les quittent. Dans un hôtel, le Conseil Général a déjà annoncé qu’il arrêtait de payer les charges de l’hôtel telles que celles liées à l’évacuation des ordures…

Par ailleurs, il semblerait que le CG ne verse plus d’aide financière « pour enfants » régulièrement.

Ville de Grenoble

Campement vers Alpexpo

La ville a obligé les personnes qui vivaient sous tentes entre la MC2 et la rue de Stalingrad à quitter ce terrain et les a « parqués » sur un parking vers Alpexpo.

Les conditions de vie y sont impossibles : les tentes sont posées sur le bitume et il n’y a pas d’ombre, si bien que par ces temps de canicule, la chaleur y est intenable. Il n’y a pas d’accompagnement social.

Les visites y sont désormais limitées, officiellement pour éviter les problèmes de violence. Mais quand on voit que même une association qui faisait des activités avec les enfants du camp s’est vue refuser de les organiser devant celui-ci, on comprend que ça n’est pas là l’unique raison.

Et donc…

Étant donné qu’il n’est pas légalement possible de mettre des gens dehors des hébergements d’urgence sans solution, même s’il s’agit d’étrangers sans titre de séjour, la stratégie adoptée par la préfecture est donc celle des pressions et de la peur. Et comme il n’est souvent pas non plus légalement possible d’expulser toutes ces personnes du territoire, la police et les associations gestionnaires, sur ordre de la préfecture, harcèlent les migrants et s’efforcent de pourrir leurs conditions de vie au point qu’ils finissent par quitter les hébergements et le pays d’eux-mêmes. Signalons que selon des personnes travaillant pour Forum réfugiés au CRA (centre de rétention administrative) de Lyon, les arrestations sur Grenoble ont été nombreuses ces derniers jours.

Quelques erreurs ou imprécisions peuvent s’être glissées dans les informations dont nous disposons, glanées à droite à gauche. Mais ceci ne change rien au fait que nous assistons à une opération calculée et tenace de chasse aux étrangers.

Des membres de la coordination iséroise de solidarité avec les étrangers migrants (CISEM), fin juillet 2013