Agglomération grenobloise, fin juillet 2013
Cet état des lieux n’est que partiel. Nous ne pouvons que rapporter les informations dont nous avons connaissance. Certaines peuvent contenir des imprécisions.
La Relève
Centre de la rue Jules Vallès
Rappelons que dans ce centre, le 5 juillet – jour de la marche des hébergés, justement – les services de la préfecture et la police avaient fait une descente pour distribuer des OQTF (obligation de quitter le territoire français). A cette occasion, ils se sont installés dans un bureau du centre d’hébergement. Les personnes hébergées qui n’en ont pas reçue ce jour-là en reçoivent par la poste. La moitié des hébergé-e-s environ a quitté le centre.
Il semblerait que les pressions de la préfecture marchent bien : des familles vont dormir ailleurs la nuit, par peur de l’arrivée des flics au petit matin. L’association continue de convoquer régulièrement des familles en groupes pour leur répéter qu’ils doivent rendre les clefs sur ordre du préfet. Parfois, la moitié des familles convoquées ne viennent pas.
Par ailleurs, la Relève s’apprêterait également à arrêter de distribuer des colis alimentaires aux étrangers.
Adate
Centre de l’Allée d’Ouessant à Échirolles
L’association a demandé aux personnes relevant du « droit commun » (c’est-à-dire non demandeurs d’asile) de quitter leurs appartements au 15 août. Plusieurs familles et personnes seules seraient concernées.
L’association dit aux demandeurs d’asile qu’ils doivent quitter la structure dès le rejet de leur demande par l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA), ou au plus tard un mois après. De nombreuses personnes ayant une OQTF déjà exécutable (c’est-à-dire ayant reçu leur OQTF plus d’un mois avant) ont reçu un courrier leur demandant de partir au plus tard le 16 juillet et sont restées malgré tout.
Afin de faire partir les gens des structures, les pressions sont multiples : une majorité des 240 personnes hébergées auraient reçu une obligation de quitter le territoire français (OQTF). Elles ont fait des recours, mais certains ont été rejetés. Quelques-unes ont déjà quitté le centre de peur que la police ne vienne les y chercher, les autres vivent la peur au ventre. D’autre part, l’association indique aux gens que passé le délai du 15 août, ils n’auront plus d’aide alimentaire, plus de meubles, et plus de suivi social.
Arépi
Centre de la rue Verlaine
La police est venue mercredi 17 juillet interpeller une famille de 2 parents et de 5 jeunes enfants pour les assigner en résidence en hôtel dans l’attente de la réponse de la Cour nationale du droit d’asile (CNDA).
Effet prévisible et probablement recherché : plus d’une vingtaine de personnes, y compris des familles, ont quitté le centre, dont une gravement malade. Il resterait moins d’une cinquantaine de personnes dans le centre.
Le directeur met la pression sur les familles qui ne partent pas. Alors que la maison de l’enfance Bachelard avait accepté d’accueillir les enfants du centre cet été, début juillet, il a tout annulé…
Les tentatives d’amélioration des conditions de vie dans le centre qui ont eu lieu en mai suite à leur dénonciation ont évidemment été abandonnées, et ces conditions se dégradent donc de plus en plus.
Isle d’Abeau
Suite aux pressions exercées courant juin envers les personnes hébergées à l’Isle d’Abeau, et suite à la distribution sur place d’OQTF, le centre qui accueillait une soixantaine de personnes ne comptait plus qu’une dizaine d’hébergé-e-s.
De nouvelles personnes y ont été orientées, notamment des personnes malades. Il y aurait désormais près d’une trentaine de personnes dans le centre.
Par ailleurs, certaines personnes auraient refusé de s’y rendre, cette orientation ne tenant pas compte de leur situation personnelle (notamment la nécessité de soins médicaux sur Grenoble pour certaines). Enfin, malgré la présence de soutiens sur place, certaines personnes craignent que l’hébergement à l’Isle d’Abeau ne les rende plus vulnérables vis-à-vis de la police.
Conseil général
Chambres d’hôtel
Des pressions ont lieu là aussi pour que les personnes hébergées les quittent. Dans un hôtel, le Conseil Général a déjà annoncé qu’il arrêtait de payer les charges de l’hôtel telles que celles liées à l’évacuation des ordures…
Par ailleurs, il semblerait que le CG ne verse plus d’aide financière « pour enfants » régulièrement.
Ville de Grenoble
Campement vers Alpexpo
La ville a obligé les personnes qui vivaient sous tentes entre la MC2 et la rue de Stalingrad à quitter ce terrain et les a « parqués » sur un parking vers Alpexpo.
Les conditions de vie y sont impossibles : les tentes sont posées sur le bitume et il n’y a pas d’ombre, si bien que par ces temps de canicule, la chaleur y est intenable. Il n’y a pas d’accompagnement social.
Les visites y sont désormais limitées, officiellement pour éviter les problèmes de violence. Mais quand on voit que même une association qui faisait des activités avec les enfants du camp s’est vue refuser de les organiser devant celui-ci, on comprend que ça n’est pas là l’unique raison.
Et donc…
Étant donné qu’il n’est pas légalement possible de mettre des gens dehors des hébergements d’urgence sans solution, même s’il s’agit d’étrangers sans titre de séjour, la stratégie adoptée par la préfecture est donc celle des pressions et de la peur. Et comme il n’est souvent pas non plus légalement possible d’expulser toutes ces personnes du territoire, la police et les associations gestionnaires, sur ordre de la préfecture, harcèlent les migrants et s’efforcent de pourrir leurs conditions de vie au point qu’ils finissent par quitter les hébergements et le pays d’eux-mêmes. Signalons que selon des personnes travaillant pour Forum réfugiés au CRA (centre de rétention administrative) de Lyon, les arrestations sur Grenoble ont été nombreuses ces derniers jours.
Quelques erreurs ou imprécisions peuvent s’être glissées dans les informations dont nous disposons, glanées à droite à gauche. Mais ceci ne change rien au fait que nous assistons à une opération calculée et tenace de chasse aux étrangers.
Des membres de la coordination iséroise de solidarité avec les étrangers migrants (CISEM), fin juillet 2013