Les Roms du Rondeau célèbrent leur « sala comuna »

Fête au camp du Rondeau le 14 novembre 2010 (photo Grenews)Article et photo de Grenews du 14/11/2010

Dimanche après-midi, les Roms du Rondeau ont fêté en musique l’inauguration de leur local collectif. Beaucoup de grenoblois étaient présents pour partager la joie des tsiganes.

Sur l’aire de grand passage du Rondeau, Carolina, 37 ans, attend sourire aux lèvres ses invités. Aujourd’hui, avec la communauté de 60 tsiganes, ils fêtent l’inauguration de leur « sala comuna ». A la suite de l’assemblée générale des Roms du 29 octobre, la construction d’une structure collective avait été votée solennellement. Egalement votées, les décisions de renforcer la « sécurisation face à la menace d’expulsion par des opérations de communication » et de continuer à lutter pour sortir du camp. Carolina n’a qu’un seul espoir. Celui de « vivre en toute légalité avec sa communauté sur un terrain équipé de caravanes chauffées », confie-t-elle, déterminée.

L’inauguration de cette cabane de fortune était ainsi l’occasion de partager un repas festif entre bénévoles et gens du voyage. Face à l’hiver qui approche, l’abri de 48m² fait office de salle commune pour stocker les denrées alimentaires et préparer les repas. En aucun cas, l’abri ne doit faire figure d’habitation sur le terrain prêté par la Métro. Toute construction de logement durable est en effet prohibée.

Sur le campement, « aucune solution sanitaire n’a été offerte pour le moment par la Métro et le CCAS », .explique Dominique Jégou, instigateur du projet.  Sur place, deux cabinets de toilette et deux points d’eau sont les uniques équipements mis à disposition de la soixantaine de tziganes occupant le terrain, ainsi qu’un groupe électrogène pour alimenter la salle commune. « Ce que l’on soulève, c’est la question d’existence, et que l’aire d’accueil de grand passage soit aux normes sanitaires » .

« Je veux juste un job et un logement décent »
Cela fera un an en décembre que Carolina, mère de trois enfants (un des trois est en Roumanie en ce moment) vit en France. Elle a fait sa demande d’asile le 25 mars 2010. Sa carte de séjour expirera en septembre 2011. Elle se bat actuellement pour scolariser ses deux enfants dont le plus âgé a 7 ans. Actuellement, ils vivent sous une tente abritée par une bâche trouée dans lesquelles s’accumulent leurs affaires personnelles. Depuis deux semaines, ils ont une voiture qu’ils peuvent utiliser comme roue de secours quand le temps est pluvieux. Pour Dominique Jégou, « la bagnole leur permet de s’échapper et de garder un semblant de liberté ».

Elle et son mari touchent mensuellement 330 euros d’aides chacun. De quoi vivre en complément des aides fournies par les associations de soutien. « Moi, je ne veux pas mendier, je ne veux pas d’assistanat, je veux juste un job et un logement décent », confie Carolina. Elle déplore les stigmatisations faites à leur encontre. Dans cette situation, Dominique Jégou nous rappelle que « la question centrale reste celle du travail ».  A noter que trois quarts des tsiganes du campement ne savent ni lire, ni écrire, même dans leurs langues d’origine. Si les tsiganes regardent aujourd’hui cette maison avec plaisir, Dominique Jégou n’est pas sans rappeler qu’ « ils retournent chaque soir dans leurs tentes. On espère finalement qu’elle sera détruite pour trouver une situation plus favorable ».

Ce jour de fête était aussi l’occasion d’accueillir Aurora et Andreï, venus au monde il y a sept jours. Gabriela, jeune maman, et Florine son mari vivent provisoirement à l’hôtel du Dauphiné. Leur placement arrive à échéance demain. Concernant la situation des quinze enfants du campement, un projet d’alphabétisation est en cours d’élaboration. Il consisterait à faire appel à des bénévoles retraités.