Lettre ouverte aux élus

Patate chaudeMadame, Monsieur,

Le collectif La Patate Chaude souhaite alerter une nouvelle fois les élus locaux suite à la condamnation de la France le 21 janvier 2013 par le Comité européen des droits sociaux (CEDS) pour violation manifeste des droits des populations roms.
Cette condamnation, la 4ème depuis 2010, qui fait suite à une saisine déposée par Médecins du Monde en 2011, doit interpeller nos responsable politiques et réinterroger la circulaire d’août 2012 de M. Valls. En effet, depuis la sortie de celle-ci, présentée à l’époque comme une procédure plus humaine pour expulser des camps dits « insalubres« , héberger et accompagner les populations roms, nous n’avons pas constaté de changement fondamental et notons même de nombreux écueils dans ce dispositif:

  • expulsion des camps de l’agglomération grenobloise, entraînant une fois de plus la perte pour leurs occupants de la plus grande partie de leurs affaires personnelles ;
  • installation, pour certaines personnes, dans des Algeco sans confort (les cloisons qui limitent la promiscuité et, surtout, les douches ayant été installées à Fontaine bien après l’arrivée des familles) ;
  • gestion des centres d’hébergement par l’Arepi, qui interdit les visites aux personnes hébergées et dont le travail social se limite à du gardiennage ;
  • risque de déscolarisation des enfants : les déplacements scolaires n’ont pas été organisés depuis les nouveaux lieux d’hébergement, malgré la demande anticipée de RESF et de la Patate Chaude. Se rendre dans les écoles où ils sont inscrits relève du parcours du combattant (comme pour les personnes hébergées à Domène, à plus de 10 km de Grenoble) ;
  • hébergement transitoire jusqu’au 31 mars, sans dispositifs prévus pour la suite et sans informations données aux personnes hébergées.

D’autres exemples, tels que l’expulsion sans hébergement du 25 janvier dernier à Vitrolles, ou la véritable expédition punitive de la police à Saint-Fons, vont dans le sens de la condamnation par l’Union européenne pour des violations manifestes des droits qui n’ont pas cessé depuis la mise en place du nouveau gouvernement en mai 2012.

C’est pourquoi le collectif interpelle les élus locaux sur la politique menée dans l’agglomération grenobloise et rappelle la nécessité de trouver une solution d’hébergement pérenne et digne au-delà du 31 mars pour toutes les personnes, y compris les Roms, se trouvant actuellement dans le dispositif hivernal.

Le collectif La Patate Chaude

8 réflexions sur “Lettre ouverte aux élus

  1. « gestion des centres d’hébergement par l’Arepi, qui interdit les visites aux personnes hébergées et dont le travail social se limite à du gardiennage »
    Comment pouvez vous dénigrer le travail effectué sur site sans pouvoir y pénétrer??? Ce n’est qu’un tissu de mensonge! Que vous vous battiez pour la cause des plus démunis c’est une chose, que vous rabaissiez les gens qui travaillent sur le terrain, jour et nuit, là je dis NON!

    • « Nous critiquons la mission de l’Arépi et son fonctionnement dans le cadre du dispositif d’accueil et d’hébergement hivernal, pas le travail des éducateurs et éducatrices qu’elle emploie en CDD et qui seront pour la plupart probablement jeté-e-s au même titre que les hébergé-e-s après le 31 mars. Nous ne doutons pas que beaucoup aient de bonnes intentions, mais nous considérons qu’ils/elles ne sont pas mis-e-s en situation de faire du travail social (et nous les félicitons s’ils/elles y arrivent malgré tout).
      Mais où est le travail social dans ces structures d’hébergement gérées par l’Arépi ? Quel travail sur l’accès aux droits est effectué avec les personnes accueillies ? Où sont les personnes qui s’occupent de la scolarisation des enfants ? Où sont les cours de français ? Etc, etc. Par contre, des vigiles, on en a vu, et des travailleuses et travailleurs sociaux transformés en vigiles aussi…
      Alors au lieu d’écarter nos critiques d’un revers de main en les traitant de mensonges, démontrez-nous que nous nous trompons. Peut-être disposez-vous d’éléments que nous n’avons pas. De notre côté, nous souhaitons que s’ouvre un débat autour du travail social. Nous serons ravi-e-s que vous y participiez si vous avez des informations et de vrais arguments à y apporter. »

  2. Vous savez pertinemment qu’une fin de trêve hivernale ne dépend pas d’une association mais de bien plus haut, 1er mensonge délivré à vos lecteurs.
    De plus vous dîtes ne pas pouvoir rentrer sur les structures alors comment faites vous pour juger du travail des personnes de terrain?
    Il me semble que les personnes embauchées pour cette mission sont au courant, dès le départ, que c’est un CDD comme dans beaucoup de domaine de nos jours et qu’une fin de CDD ce n’est pas être « jeté-e-s ».
    Si pour vous travail social rime avec « tu as besoin d’une carte TAG, transport en commun de l’agglomération grenobloise, je te donne 7 euros », sachez que pour les travailleurs sociaux c’est plutôt l’orientation, le réseau, et les démarches.
    Si vos articles respiraient uniquement les critiques l’échange serait ouvert et possible cependant vos attaques ne permettent pas de discussion et encore moins, semble t il, un « travail ensemble » pour ce public bien en souffrance.
    Vous parlez de « travail social » mais celui ci ne commence pas par le travail en réseau, l’écoute de l’autre et la communication?

    • Évidemment que la fin du dispositif d’hébergement hivernal ne dépend pas de l’AREPI, mais de la Préfecture, et au-delà du gouvernement. Si vous relisez attentivement nos textes, vous verrez que nous n’avons jamais prétendu le contraire. Ce qui ne nous empêche pas d’être extrêmement critiques au sujet du travail de cette association dans le cadre de ce dispositif. Et si le travail social « commence par le travail en réseau », alors l’AREPI le fait mal de ce point de vue aussi, puisqu’elle nous a empêché-e-s régulièrement de rendre visite aux personnes avec lesquelles nous sommes en relation depuis des années et que nous connaissons bien mieux qu’elle.

      Pour ce qui est de notre soi-disant incapacité à juger du travail fait dans les lieux d’hébergement : vous pensez sans doute que les hébergé-e-s ne sont pas doté-e-s de la capacité de s’exprimer, mais heureusement, de notre côté, nous avons un don de passe-murailles…

      Ceci dit, encore une fois, nous ne critiquons pas les travailleuses et travailleurs sociaux employés dans ses structures, mais la conception du travail social de l’Arépi dans le cadre de ce dispositif – et à travers elle, la conception générale du travail social qu’ont les institutions qui en ont la charge. Car les précaires sont traités comme des personnes coupables de leur pauvreté, qu’il faut surveiller et contrôler, et qui doivent faire profil bas parce qu’elles reçoivent une aide. On leur fait même souvent ressentir qu’elles sont responsables des problèmes de notre société – puisqu’elles sont à sa charge au lieu d’être à son service – alors qu’elles sont les premières victimes d’un système socio-économique
      injuste et inégalitaire.

      Alors oui, nous critiquons et attaquons les institutions et les responsables associatifs qui portent cette conception écœurante du travail social. Nous continuerons inlassablement de les dénoncer, et si nous devons travailler »en réseau, [dans] l’écoute de l’autre et la communication », ce ne sera pas avec ces institutions et personnes.
      Heureusement, sachez que de nombreux travailleurs et travailleuses sociaux partagent notre point de vue, avec lesquels nous avons l’intention d’agir à l’avenir pour que le travail social soit un véritable soutien et une aide aux personnes qui en ont besoin.

  3. Madame Patate Chaude, bonjour.

    Bien qu’il soit usuel au sein de votre collectif de ne parler que des trains qui n’arrivent pas à l’heure, je vais cependant outrepasser mes fonctions de gardiennage au sein du centre Mimosas pour tenter d’assécher la source qui alimente vos fantasmes sur les conditions d’hébergement de nos résidents et les actions que nous menons avec eux. Levons donc le voile sur ce mystérieux centre d’hébergement d’urgence à l’appellation si fleurie.
    Pour tout dire et dans le désordre, à Mimosa, nous gérons l’hygiène, les conflits, nous établissons des contacts avec les AS scolaires, les AS du CHU, celles du Conseil général, nous prenons des rendez-vous pour les résidents auprès de ces mêmes AS mais aussi à l’hôpital, chez Médecins du Monde, au PASS psychiatrique, nous appelons le SAMU quand il y a nécessité, nous accompagnons les résidents aux urgences quand il le faut, nous établissons une fois par semaine avec la banque alimentaire un colis de nourriture pour chaque famille, chaque résident, nous orientons vers les associations dédiées, les Restos du Cœur, le Secours Populaire, l’ADA… Nous gérons les démarches administratives, nous débouchons les éviers, les WC, endiguons les fuites, changeons les ampoules électriques, veillons constamment à ce que les lieux ne dérivent pas vers une totale insalubrité. Nous interdisons effectivement les visites quand le nombre de résidents dépasse 120 car elles deviennent ingérables, dangereuses et ouvrent la porte à des présences clandestines. À Mimosa, nous échangeons, nous plaisantons avec les résidents. Nous les écoutons. Nous suivons les situations de chacun. Nous rassurons, nous encourageons, nous essayons de comprendre ce qui a poussé ces populations loin de leurs pays pour un Eldorado fictif. Nous gérons les débordements désespérément alcoolisés de certains. Nous orientons vers les structures d’hébergement pérennes. Nous aidons à la rédaction de CV, à la recherche d’emploi. Nous remplissons les dossiers d’inscription scolaire des enfants et rencontrons avec eux ainsi que leurs parents, les directeurs d’établissements. Nous veillons également au respect et à la restitution du matériel collectif : combien de seaux, de balais, de pelles, de plaques électriques ont-ils disparu malgré une vigilance assidue ? Alors nous expliquons. Nous expliquons les règles de vie de cette cohabitation non choisie, nous expliquons les dangers à laisser allumées les plaques de cuisson, le danger à les utiliser dans les chambres, le danger à fumer « en cachette », à laisser les enfants courir dans les escaliers, à ne pas laver et désinfecter les lieux communs.
    Je ne sais pas si tout cela est du « travail social ». C’est en tout cas une affaire de bon sens et de nécessité.
    En fait, et malgré un CDD tout à fait consenti, nous faisons tout simplement notre travail. De façon satisfaisante ? C’est aux résidents d’en juger. Cependant, faire vivre ensemble, dans des conditions parfois spartiates, Roumains, Macédoniens, Albanais, Kosovars, Georgiens, Serbes, Bulgares, Turques, Afghans, Congolais, Angolais, Algériens, Marocains, Tunisiens et Français n’est pas toujours simple. Il semble pourtant que nous y soyons parvenu jusqu’à ce jour.

    Madame Patate Chaude vous vous trompez de cible et votre blog est une diarrhée de critiques stériles. Certes le Monde va mal (a-t-il déjà été idyllique ?), certes les conditions d’hébergement des sans-abri en France sont souvent indignes voire intolérables, certes, les Roms, européens roumains et bulgares, sont toujours l’objet d’une discrimination et d’une intolérance qui les conduit à l’exode. Il est entendu que des mouvements comme le vôtre sont indispensables pour faire avancer la vie, pour dénoncer mais il est temps aussi de faire des propositions concrètes, réalistes et réfléchies. De se mobiliser sur la cause des problèmes. Il est temps de ne pas mélanger les problèmatiques, de ne pas les additionner et d’abandonner Paul et Mickey qui résolument ne sont pas de bons amis. Il est urgent d’être utile.
    Madame Patate Chaude vous gagneriez beaucoup à vous transformer en gratin dauphinois, soufflé ou tartiflette.

    • Eh bien comme nous l’avons déjà écrit plus haut : « Nous ne doutons pas que beaucoup [d’éducateurs et éducatrices employé-e-s par l’Arépi] aient de bonnes intentions, mais nous considérons qu’ils/elles ne sont pas mis-e-s en situation de faire du travail social (et nous les félicitons s’ils/elles y arrivent malgré tout). » Donc, nous vous félicitons. Vous reconnaîtrez toutefois que certaines des tâches que vous décrivez ici ne relèvent pas tout à fait du travail social, et qu’il ne doit pas être facile tous les jours de les effectuer alors que vos effectifs ne sont pas pléthore. Ce qui est révélateur du traitement réservé aux hébergé-e-s, et dont vous n’êtes nullement responsables, voire vous-mêmes victimes collatérales.

      Par ailleurs, la conception du travail social de l’association n’en reste pas moins critiquable, avec son clientélisme, son mépris des hébergé-e-s, sa stigmatisation de la pauvreté et ses remises à la rue en plein hiver (on en oublie peut-être…) Peut-être pourriez-vous faire preuve du même esprit critique envers votre employeur qu’envers notre collectif ?

      En ce qui concerne votre suggestion de nous « transformer en gratin dauphinois, soufflé ou tartiflette », sachez que nous préférons les patates « en robes des champs » qui, même chaudes, restent entières…

  4. Un esprit critique n’est pas un esprit d’attaque chère Patate chaude.

    Je ne comprends vraiment pas ce que vous cherchez en perdant autant d’énergie et de temps à « descendre » les associations qui TRAVAILLENT pour la même cause que vous. Peut être est ce une manière de vous mettre en avant? ceci est bien dommage… Prenez plutôt ce temps pour frapper aux portes de la préfecture et faire avancer les choses, vous qui oeuvrez si bien.

    « la conception du travail social de l’association n’en reste pas moins critiquable, avec son clientélisme, son mépris des hébergé-e-s, sa stigmatisation de la pauvreté et ses remises à la rue en plein hiver », quant à ces propos méchants, gratuits et invérifiables, il serait fort agréable de ne plus les lire sur votre site parceque encore une fois RABAISSER pour EXISTER reste déplorable.

    • Vous qualifiez nos propos de méchants, gratuits et invérifiables.

      • Méchants: ils n’arriveront jamais à la cheville des traitements souvent infligés aux personnes hébergées.
      • Gratuits: ils sont extrêmement coûteux au contraire pour pour ces mêmes personnes: insultes, infantilisation, mépris, déconsidération, humiliation. Le prix à payer est excessif !
      • Invérifiables: c’est là où l’amour semble vous rendre aveugle. L’investissement de certains ne permet pas à ceux-ci d’être exonérés de vives critiques lorsqu’ils font n’importe quoi. Ici, c’est le cas. Or tout ce que nous écrivons, dénonçons est réel et facilement vérifiable. Les témoignages sont légions. Nous avons été témoins de ce que nous avançons. Des travailleurs sociaux adhèrent à nos prises de positions. Ce qui n’est pas souvent le cas de leurs directeurs ou administrateurs. Nous comprenons votre désarroi mais ouvrez les yeux.

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